Auteur : Jean-Pierre Ancillotti, dans “L’attachement, des liens pour grandir plus libre“, sous la direction de Hubert Montagner et Yves Stevens,
Editeur : L’Harmattan, Paris, 2003.
Des liens pour grandir plus… libre ? Voilà l’apparent paradoxe auquel ce livre est entièrement dédié. Depuis quelques années en effet, la notion d’attachement revient sur le devant de la scène pour comprendre la construction sociale de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte. « Les liens d’attachement que nous tissons depuis notre plus tendre enfance avec des “adultes significatifs” parents, parents d’accueil, grand-parents, éducateurs, etc. sont comme des fils invisibles qui nous permettent de nous en éloigner sans peur de les perdre », explique Yves Stevens, psychologue au sein de l’association liégeoise « Parole d’Enfants » et co-auteur de l’ouvrage.
Seulement, voilà : tout le monde n’a pas la chance de pouvoir construire de tels liens qui rassurent, émancipent et sécurisent. Et c’est le lot quotidien des thérapeutes familiaux que d’être confrontés à des enfants et des adolescents fragilisés… qui ne sont jamais jugés assez bons, assez reconnaissants, assez redevables par des parents eux-mêmes en détresse : blessés, manquant de confiance en eux, ils se sentent humiliés par les problèmes de leurs enfants et par l’aide psychologique proposée.
Tout l’enjeu du travail clinique consiste à restaurer des liens d’attachement plus ou moins altérés. « Cela passe notamment par la déculpabilisation des parents », précise Yves Stevens. « Une fois qu’ils arrêtent de mesurer leur valeur à l’aune du comportement de leurs enfants, les parents deviennent plus clairs avec eux-mêmes : ils investissent d’autres sphères que la sphère parentale. Ils commencent à se respecter eux-mêmes pour mieux respecter leurs enfants. »
Autrement dit, le concept d’attachement permet de bâtir des ponts entre le passé et le présent des personnes en détresse. Il permet de comprendre comment une souffrance, parfois très précoce, peut déterminer un mode relationnel problématique et des représentations erronées de la réalité – des représentations dont nous sommes tous, à des degrés divers, prisonniers. Illustré par de nombreux cas cliniques, « L’attachement, des liens pour grandir plus libre » aborde les principales situations – deuil, rupture, adoption, abus sexuel, abandon… qui modèlent les attachements et les représentations que l’on peut s’en faire. L’ouvrage donne également de nombreuses clés aux professionnels de la relation d’aide (psychologues, éducateurs, assistants sociaux…) pour tenter de libérer, justement, les personnes en détresse prisonnières de leurs représentations.
- Luc ROEGIERS : “A mon foetus, pour la vie”. – Des projections à la matérialisation du lien prénatal. – La genèse de l’attachement à l’enfant pendant son attente, sa conception et sa gestation.
- Hubert MONTAGNER : La prise d’empreinte, l’attachement et le lien.
- Nadine LEFAUCHEUR : Accouchement secret et recherche des origines.
- Yves STEVENS : L’attachement père-enfant, une construction à trois. – Créer, préserver, restaurer, et parfois renoncer…
- Anne DECERF : L’adoption, histoire d’une fracture. – Description du cheminement de la vie psychique de l’enfant adopté conduisant, à partir d’une situation de rupture affective fondamentale, à la formation d’un nouvel attachement.
- Marie-Frédérique BACQUE : Le deuil, rupture de l’attachement : traumatisme et réparation.
- Jean-Paul MUGNIER : La distorsion du lien mère-enfant dans les situations d’agressions sexuelles.
- Anne THEVENOT : Les fonctions parentales à l’épreuve dans les recompositions familiales.
- Paul-Laurent ASSOUN : L’attachement amoureux : corps et passion.
- Jean-Pierre ANCILLOTTI : L’explicitation des représentations d’attachement chez l’adulte. – En quoi les représentations actuelles des liens que nous entretenons avec notre constellation familiale influencent-elles nos prises de positions, nos choix relationnels et nos conduites éducatives ?